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La chasse au radon!

Au Canada, novembre est le mois de sensibilisation au radon. Invisible et inodore, le radon est un gaz radioactif susceptible de se retrouver chez vous, à votre insu.

Les études sur le sujet suggèrent d’ailleurs que le radon serait la principale cause du cancer du poumon après le tabagisme.

Les mesures à prendre concernant la protection contre le gaz radon ne sont pas imposées d’emblée dans le Code de construction du Québec en vigueur (2010), et ce, à moins que l’on se retrouve dans l’une des zones reconnues comme propices aux émanations de radon.

À cet effet, le Code réfère au seuil de nocivité du radon établi par Santé Canada avant 2007, qui considérait une quantité moyenne de 800 Bq/m3 (becquerels par mètre cube) comme le seuil à ne pas dépasser. Pourtant, depuis 2007, Santé Canada a procédé à la révision de son seuil pour le rabaisser de façon drastique à un taux d’exposition annuel moyen de 200 Bq/m3. Mentionnons que cette nouvelle position de Santé Canada se rapproche des recommandations faites sur le sujet aux États-Unis et en Europe.

Zones à risque

Bien que le Code de construction stipule qu’il ne soit pas requis de prévoir les mesures de protection dans des secteurs où les concentrations de radon ne sont pas reconnues comme problématiques, il semble qu’il soit plutôt difficile de confiner ce gaz à une région précise. L’Enquête pancanadienne sur les concentrations de radon dans les habitations publiée à ce sujet par Santé Canada en 2012 a permis de démontrer que certaines zones sont plus à risque que d’autres, mais que le radon demeure susceptible de se retrouver en quantité plus ou moins importante dans plusieurs régions du Québec et du Canada. Les données avancées stipulent que 1,1 % des foyers québécois testés auraient des concentrations moyennes annuelles au-delà de 600 Bq/m3.

Il est également intéressant de constater que cette étude établit que 9 % des bâtiments testés au Québec ont des concentrations de radon variant entre 200 Bq/m3 et 600 Bq/m3. Le Code de construction du Québec n’impose pas l’élimination du radon pour les concentrations sous la barre des 800 Bq/m3. Toutefois, rien ne vous empêche de réduire volontairement votre exposition à un seuil inférieur.

Plusieurs facteurs influencent la concentration de radon retrouvée dans un bâtiment et
ceux-ci ne sont pas uniquement liés à l’emplacement géographique, ni aux méthodes de construction. Les éléments nuisant à la concentration du radon peuvent être reliés à la configuration et à l’utilisation faite des systèmes de ventilation mécanique, de même qu’aux habitudes de vie des occupants. Ainsi, deux bâtiments voisins et similaires peuvent montrer des concentrations de radon très différentes.

Prévention en construction neuve

Comme il est impossible de connaître la mesure du radon avant la construction d’un bâtiment, il est suggéré de prévoir certaines étapes au moment de la construction pour faciliter son contrôle. La détection du radon peut être effectuée de plusieurs façons, mais il semble y avoir un consensus quant à la plus grande exactitude des tests exécutés sur une longue période (3 à 12 mois).

Première technique

La première technique pour limiter l’entrée du radon dans le bâtiment consiste en l’application d’une pellicule de polyéthylène ou d’une autre membrane étanche, installée directement sur ou sous la dalle de béton reposant au sol. Si les feuilles de polyéthylène sont installées directement sous une dalle de béton pour constituer la barrière étanche aux gaz, le Code spécifie qu’on peut simplement chevaucher les sections sur une longueur de 12 pouces pour rendre l’assemblage étanche. La pellicule de polyéthylène doit aussi être scellée au moyen d’un mastic souple au périmètre de la dalle ainsi qu’aux jonctions avec les percements (tuyaux, bassins de captations, etc.).

Plusieurs entrepreneurs appliquent déjà ces recommandations, puisqu’elles sont également bénéfiques au contrôle de l’humidité dans les sous-sols. À noter que d’autres produits pourraient constituer une alternative intéressante à la feuille de polyéthylène, notamment certains types de mousse de polyuréthane, qui sont maintenant reconnus comme barrières efficaces au radon.

Deuxième technique

La deuxième technique est la dépressurisation sous la dalle. Évidemment, comme il est envisageable que ces systèmes ne soient pas requis dans la plupart des cas, on recommande seulement de prévoir la tuyauterie requise sous la dalle. S’il devenait nécessaire de dépressuriser sous le plancher à la suite de la découverte de concentrations importantes de radon, le Code demande qu’un tuyau de 100 mm de diamètre soit enfoui dans la pierre nette sous, jusqu’au centre du bâtiment. On apporte l’autre extrémité du tuyau à la surface du plancher, à l’emplacement de la salle mécanique, puis on y appose un couvercle sur lequel on inscrit clairement le mot RADON.

Ainsi, dans l’éventualité où l’on confirmerait la présence de radon, il sera possible d’installer un ventilateur sur le conduit en question. Une fois le ventilateur installé, on pourra aspirer le radon en provenance du sol à travers la pierre nette.

Et pour les bâtiments existants?

À moins de vouloir investir des sommes considérables afin de respecter les recommandations précédemment formulées, les mesures prises pour diminuer l’exposition au radon dans un bâtiment existant devraient être adaptées aux conditions rencontrées. En fait, plusieurs méthodes alternatives pourraient suffire à en abaisser considérablement la concentration.

Pour une maison disposant, par exemple, d’un vide sanitaire sur terre battue, on pourrait envisager de rendre étanche à l’air le plafond entre le vide sanitaire et la résidence, puis d’augmenter l’apport en ventilation de cet espace.

Les dalles sur sol présentes dans les bâtiments plus âgés ne sont généralement pas installées sur une pellicule de polyéthylène, et on les retrouve habituellement directement au sol, sans couche de remblai granulaire. Il n’est donc pas possible de dépressuriser sous ces dalles comme on le ferait en construction neuve. Dans cette situation, on pourrait en premier lieu opter pour un scellement des fissures et des percements de la dalle et des murs de fondations. On pourrait également installer des feuilles de polyéthylène et les sceller directement à la surface de la dalle de béton, à condition de protéger le tout avec un revêtement de sol.

Ajout d’un VRC

Si ces mesures s’avéraient insuffisantes, l’ajout d’un ventilateur récupérateur de chaleur (VRC) pourrait également être bénéfique, puisque l’un des facteurs entraînant le radon à l’intérieur des bâtiments est la différence de pression avec l’environnement extérieur (effet de tirage). En utilisant un VRC, on permet alors un apport en air frais exempt de radon. Le VRC est également bénéfique à l’équilibrage des pressions d’air dans le bâtiment, ce qui devrait avoir un impact positif sur la quantité de radon contenue dans le bâtiment.

Enfin, il y aurait probablement plusieurs autres solutions qui pourraient s’avérer efficaces pour les bâtiments existants. Si vous souhaitez devenir un expert en traitement de ce gaz radioactif, sachez qu’il y a de plus en plus de documentation disponible en ligne sur le sujet. Bonne chasse au radon!

À l’occasion du mois de la sensibilisation au radon, Occupe-toi du radon, une coalition d’organisations nationales de la santé, animera un webinaire interactif pour les Canadiens avec des experts en radon le 20 novembre 2020 à 13 h. Pour vous inscrire à ce webinaire gratuit, visitez : OccupeToiDuRadon.ca

À propos de l'auteur

Pierre-Marc Larochelle

Pierre-Marc Larochelle

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