La pénurie de main-d’œuvre était déjà un phénomène bien réel dans l’industrie de la construction avant même le début de la pandémie. Or, après la pause forcée de quelques semaines au printemps 2020, on connaît bien la suite. Le secteur de la construction et de la rénovation est en pleine ébullition depuis, de sorte que le manque de travailleuses et de travailleurs n’a fait que s’amplifier.
Selon Statistique Canada, à la fin de 2021, l’ensemble de l’industrie de la construction (qui comprend la construction de bâtiments, les travaux de génie civil et les entrepreneurs spécialisés) comptait tout près de 245 000 employés salariés au Québec, soit 17 000 de plus qu’avant que la pandémie ne frappe. Mais l’ajout de tous ces travailleurs reste insuffisant, puisque la proportion de postes à pourvoir était estimée, toujours selon Statistique Canada, à 5,7 % à l’échelle de la province à la fin de 2021. Cela correspond à quelque 15 000 emplois à pourvoir dans l’immédiat, car on parle ici de postes qui existent déjà, pour lesquels il y avait des tâches à accomplir et pour lesquels les entreprises cherchent activement à embaucher des travailleuses et des travailleurs. Cela n’a rien à voir avec les besoins de recrutement à moyen ou à long terme.
En parallèle, l’enquête sur la population active de Statistique Canada indique qu’il y a présentement (avril 2022) un taux de chômage de 4,8 % dans le secteur de la construction, et ce, malgré tous ces postes à pourvoir. Ceci est probablement attribuable à des chômeurs saisonniers et à des travailleurs dont les compétences ne correspondent pas à celles recherchées pour les emplois à pourvoir. Or, même si tous ces travailleurs présentement en chômage pouvaient occuper les postes vacants, il manquerait encore de travailleurs dans l’industrie de la construction.
Il est possible d’identifier, avec un peu plus de précision, les sous-secteurs les plus durement touchés pour les taux de postes vacants : construction de bâtiments 5,8 %, travaux de génie civil 3,8 % et entrepreneurs spécialisés 6,1 %. La pénurie de main-d’œuvre serait donc plus criante du côté des entrepreneurs spécialisés en construction.
Évidemment, l’impact est bien concret sur les chantiers. Cela ralentit la cadence des chantiers actuels, au point d’entraîner certains retards de livraison, et oblige certains entrepreneurs à reporter ou même carrément refuser des contrats.