Dans un contexte de guerre tarifaire initiée par les États-Unis, le Québec traverse une période d’incertitude économique sans précédent. Face à cette situation, le premier ministre François Legault propose un grand et long chantier pour rendre notre économie plus indépendante, une initiative que nos quatre organisations soutiennent tout en l’encourageant à développer une vision d’ensemble pour l’avenir du Québec.
Les enjeux soulevés par le premier ministre, notamment l’amélioration de la productivité et l’allègement du fardeau réglementaire, administratif et fiscal, reflètent parfaitement les défis auxquels fait face le secteur de l’habitation. Nos organisations, qui regroupent les plus grands joueurs de la construction et de l’immobilier au Québec, le martèlent depuis plusieurs années.
Nous connaissons tous l’ampleur de la crise de l’habitation qui sévit en ce moment. Rappelons que selon la SCHL, il faudra construire 1,2 million de nouveaux logements au Québec d’ici 2030. Malheureusement, une série de facteurs freinent la capacité de construire des unités d’habitations au rythme qu’il faudrait pour atteindre cet objectif.
Un problème de plus en plus récurrent concerne le déficit majeur d’infrastructures en eau auquel sont confrontées les villes, qui nécessite dès maintenant un investissement de près de 45 milliards de dollars. Faute d’avoir les infrastructures nécessaires pour traiter et acheminer l’eau, un nombre grandissant de municipalités se voient dans l’obligation de décréter un moratoire sur le développement immobilier dans certains secteurs de leur territoire.
Nous savons que la construction est une valeur refuge en période de turbulence économique, jouant un rôle clé dans le maintien des emplois et la stimulation de l’économie locale. Il est temps d’agir avec audace et de poser les bases d’une relance solide. Nos organisations plaident donc pour la création d’un fonds d’infrastructures gouvernementales et municipales d’un milliard de dollars sur trois ans pour l’accroissement de l’offre de logements. Les sommes de ce fonds devront s’ajouter à celles déjà dédiées au Québec par le biais du Fonds canadien pour les infrastructures liées au logement, des sommes qui dorment à Ottawa faute d’une entente entre le gouvernement fédéral et celui du Québec. Nous sommes d’avis que l’heure n’est pas aux querelles Québec-Ottawa, mais plutôt à la collaboration dans un contexte de guerre tarifaire.
En dotant les municipalités des ressources nécessaires, en particulier celles liées à l’approvisionnement et au traitement de l’eau, nous pourrions accélérer l’émission des permis et faciliter la mise en chantier de milliers d’unités résidentielles. C’est aussi l’occasion d’adapter ces infrastructures aux nouvelles réalités des changements climatiques et de construire de façon plus résiliente.
En investissant massivement dans nos réseaux d’aqueduc, les gouvernements ont l’occasion de faire d’une pierre deux coups en stimulant l’économie québécoise tout en s’attaquant à la crise du logement. C’est une solution pragmatique et structurante qui répond aux besoins des municipalités, des promoteurs, des travailleurs et des familles québécoises.
Maxime Rodrigue, Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ)
Francine Sabourin, Association de la construction du Québec (ACQ)
Nathalie Mercier, Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ)
Isabelle Melançon, Institut de développement urbain du Québec (IDU)