Nous ne sommes ni les premiers ni les derniers à le dire : nous vivons une crise importante du logement au Québec. À l’heure où on se parle, il manque 100 000 unités d’habitation au Québec. La Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) mentionne même qu’il faudrait construire 620 000 unités d’ici 2030 pour retrouver une certaine abordabilité. Il est urgent de trouver des solutions permettant à l’ensemble de la population d’avoir un logement abordable et qui répond à ses besoins.
Et s’il était possible, pour les propriétaires de maisons unifamiliales, d’ajouter des logements accessoires à leur habitation, tels qu’un logement additionnel au sous-sol, au-dessus d’un garage ou encore en arrière-lot ? Densifier un parc immobilier ne signifie pas nécessairement de construire de nouveaux bâtiments : cela peut simplement consister à utiliser les infrastructures existantes de manière optimale.
Alors que de nombreuses voix s’élèvent pour lutter contre l’étalement urbain, cette simple mesure, si elle était permise plus facilement par les autorités municipales, pourrait faire une différence considérable dans notre vision de l’aménagement du territoire et dans un contexte difficile d’accession à la propriété, elle faciliterait les remboursements de prêts hypothécaires pour certains ménages par la location d’un logement.
La densification, oui, mais encore?
Si l’on souhaite éviter l’étalement urbain, on doit davantage miser sur la densification. Inspirées par plusieurs juridictions à l’international, bon nombre d’organisations proposent différentes mesures de densification pour accommoder la croissance de la demande de logements. On pourrait notamment opérer une vaste réforme du zonage, tel que le suggère Vivre en Ville, de manière à autoriser de plein droit, partout où la demande est forte, des bâtiments de trois étages, ou encore, permettre l’accueil d’une unité d’habitation accessoire (UHA) ou intergénérationnelle.
Heureusement, l’heure est à la discussion pour la mise en place d’une stratégie efficace de densification. Qu’il s’agisse des consultations sur la Politique métropolitaine d’habitation de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), du Sommet municipal sur l’habitation, ou encore du plan d’action de la nouvelle Politique nationale d’architecture et d’aménagement du territoire (PNAAT), les occasions seront nombreuses. D’ailleurs, nous saluons la clairvoyance de cette nouvelle politique du gouvernement du Québec concernant les UHA, et nous avons bon espoir que de nombreuses municipalités emboitent le pas et ajustent leur règlementation afin de permettre cette addition à leur parc immobilier existant.
Une mesure qui pourrait réduire de moitié le déficit de logements
Nos villes font face à un défi de taille : il est primordial de réfléchir stratégiquement aux manières d’accueillir la croissance démographique en s’attaquant à la fois à la crise du logement et à la crise climatique. Appuyer sur l’accélérateur de la densification, là où l’empreinte carbone est déjà faible et là où il est possible de l’alléger à moindre coût, est l’une des solutions qui s’imposent.
Le Québec compte présentement 1,8 million de maisons unifamiliales. Si seulement 2 à 3 % accueillaient un logement accessoire, ce serait environ 50 000 unités ajoutées au parc immobilier! Bien entendu, il n’est pas réaliste de s’attendre à combler le déficit en une seule année. Comme l’Ontario, le Québec devra y consacrer une décennie.
L’ajout de 50 000 logements accessoires en 10 ans s’avère alors des plus réaliste, et on ne peut s’attendre à ce que tout ceci se réalise sans changer les milieux de vie existants. Bien sûr, de telles transformations peuvent poser des défis liés à l’acceptabilité sociale. Il faut donc travailler de concert avec la population et veiller à une intégration harmonieuse, et surtout, à échelle humaine.