Construction neuve Technique

Trois techniques pour mieux gérer l’eau sur les bâtis

Marie-Pier Germain
Écrit par Marie-Pier Germain

Essentielle pour tout organisme vivant, l’eau est pourtant une source de tracas pour les bâtiments. Se présentant sur les bâtis sous trois formes différentes, solide (neige), liquide (pluie) ou gazeuse (condensation), une attention spéciale doit y être apportée.

Il existe des trucs simples et très efficaces pour prévenir les dommages qui peuvent survenir en présence d’eau. En se concentrant uniquement sous le niveau du sol, voici trois astuces à connaître pour contrôler les phénomènes liés à l’eau sur les bâtis.

Phénomène 1 : La percolation du sol

Tout le monde connaît le principe du café filtre. L’eau passe au travers du café moulu, lequel est filtré pour en extraire les composantes huileuses. Pour la percolation du sol, c’est le même principe. L’eau de pluie passe au travers du sol qui varie en perméabilité. Selon sa nature, il laisse passer des résidus plus ou moins grossiers, pour finalement permettre à l’eau de rejoindre la nappe phréatique.

C’est pourquoi la nature du sol et ses différentes strates sont des données importantes à considérer. La quantité et la qualité des eaux de surface amenées au système de drainage dépendent de la capacité de percolation du sol. Par exemple, le sable a une capacité de percolation beaucoup plus grande que l’argile ou le silt.

On retrouve, au Québec, une grande superficie de territoires composés d’argile provenant de la mer de Champlain, ancêtre du fleuve Saint-Laurent. Les probabilités de construire dans un sol argileux, donc peu drainant, sont élevées. Bien qu’un test de percolation s’avère efficace pour connaître la capacité hydraulique du sol, dans bien des cas, l’examen visuel peut être tout aussi efficace.

Visuellement, il est possible, lors de l’excavation, de reconnaître certains types de sols; il suffit de prêter une attention aux couleurs des strates. Les teintes de beige sont généralement associées au sable, les teintes d’orangé au fer et les teintes de gris au silt et à l’argile. Il est également possible que toutes ces teintes soient présentes. Un sol qui présente des teintes d’orangé et de gris offre une moins bonne performance de drainage. Sur ce type de sol, l’eau de pluie sera retenue par un bouchon d’argile, ce qui entraînera une accumulation d’eau et la saturation du conduit de drainage.

Dans une telle situation, il est recommandé de procéder à un test de potentiel de colmatage par le phénomène d’ocre ferreuse. Le test peut définir le niveau de risque ou s’avérer non concluant. Dans un cas comme dans l’autre, le choix du conduit de drainage sera déterminant pour la performance du système de drainage.

Dans tous les cas, l’ajout d’une couche de remblai imperméable en partie supérieure est une bonne option pour diminuer la percolation des eaux de surface vers le système de drainage. Constituée d’argile, de polystyrène, d’une membrane géotextile ou d’un polythène, cette couche de remblai imperméable se prolonge horizontalement de 4 pieds du mur de fondation et se positionne à une profondeur de 8 à 10 pouces sous le niveau du sol.

Phénomène 2 : La capillarité par les semelles

La capillarité est l’interaction entre un liquide et une surface. Le béton, ce matériau poreux qui forme les semelles qui reposent sur un sol non remanié contenant de l’humidité, attire l’eau, ayant pour résultat de laisser les semelles constamment humides. Selon la quantité d’eau contenue dans le sol, il n’est pas rare que l’eau monte jusqu’aux murs de fondation par capillarité. Une façon simple, peu coûteuse et très efficace de contrer cet apport d’humidité est de couler les semelles sur une pellicule de polyéthylène.

Phénomène 3 : Le drainage des fondations

Inventé en 1879 par Henri Flagg French à Concord au Massachusetts, le drain français conventionnel annelé (traduit de l’anglais French Drain en raison du nom de son inventeur) est assurément le plus connu. D’abord inventé pour le domaine de l’agriculture, d’où son autre nom « drain agricole », il a vite été utilisé dans le domaine de la construction de façon quasi systématique au Québec.

Plus d’un siècle plus tard, on retrouve sur le marché différents produits pouvant servir de conduite de drainage, dont le tuyau rigide de PVC. Contrairement à la croyance populaire, l’emploi d’une conduite rigide en PVC en toutes circonstances n’est pas une meilleure pratique. Cette pratique devrait être mise en place seulement pour les sites où la présence d’ocre ferreuse dans le sol représente un risque de colmatage élevé ou très élevé.

À tort, plusieurs pensent que d’installer un tuyau de PVC règle automatiquement les problèmes de drainage des fondations. C’est faux. À l’inverse des conduits conventionnels annelés, les conduits de PVC n’offrent aucune restriction les rendant difficiles à nettoyer. De plus, à cause de la nécessité d’avoir une glissière dans la partie inférieure du conduit, une mince lame d’eau résiduelle qui ne se draine jamais persiste au niveau des semelles. Ceci augmente l’effet de capillarité et, par conséquent, l’apport d’humidité au sous-sol.

La séquence habituelle d’application du remblai de pierres nettes au-dessus du drain n’est pas compatible avec une conduite rigide. Règle générale, on remblaie la pierre de l’avant vers l’arrière du bâtiment. Ainsi, lorsque la pierre est projetée par le camion convoyeur, communément appelé « stone slinger », elle se retrouve par-dessus le conduit de PVC non flexible. Comme ce conduit est d’une longueur de 12 pieds, il se relève au contact de la pierre, et celle-ci s’amoncelle sous ce dernier, créant une contre-pente. Les tuyaux conventionnels annelés étant flexibles, ils s’adaptent mieux aux méthodes d’exécution en chantier.

Il existe sur le marché un conduit qui combine les avantages des deux : le tuyau annelé à intérieur lisse. Ce type de conduit possède une meilleure vitesse d’écoulement de l’eau que le conduit annelé standard. Son intérieur lisse minimise les accumulations de sédiments et offre une bonne restriction. La buse de nettoyage a suffisamment d’emprise pour être stable lors du nettoyage, et les perforations sur 360 degrés captent l’eau au niveau le plus bas de la base des semelles.

Ces conduits sont moins sujets aux ventres-de-boeuf, contrairement aux conduits annelés standards, et ils sont moins sensibles aux contre-pentes, contrairement aux conduits de PVC. Le tuyau annelé à intérieur lisse s’avère être un choix judicieux. Encore faut-il que le choix de la conduite s’arrime avec le type de sol.

Bref, parfois des solutions très simples sont aussi très efficaces. Il s’agit de comprendre les phénomènes liés à l’eau et leurs impacts sur les bâtis pour apprivoiser l’ennemi.

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