Rénovation Technique

Trois projets de rénovation qui peuvent poser problème

Lorsque l’on effectue des travaux de rénovation, certains obstacles et imprévus peuvent survenir en cours de route. Quel que soit le problème, assurez-vous de bien connaître les propriétés des matériaux et les meilleures pratiques à appliquer.

Voici trois exemples de projets de rénovation qui pourraient, un jour ou l’autre, vous causer des problèmes.

AUGMENTATION DE LA VALEUR ISOLANTE

Considérant que la plupart des bâtiments anciens sont très peu ou pas du tout isolés, l’augmentation du facteur isolant est une question qui se pose pour la plupart des projets de rénovation. Que ce soit pour une fondation, un ouvrage de maçonnerie, un vide sous toit ou un mur extérieur, l’ajout d’isolant de manière improvisée peut rapidement engendrer des problèmes importants.

L’ajout d’isolant avec des ouvrages de maçonnerie existants devrait idéalement se faire en petite quantité afin de minimiser les impacts potentiels reliés à l’augmentation des cycles de gel/dégel dans la maçonnerie. Le fait de réduire l’apport en chaleur provenant de l’intérieur peut également affecter la capacité de la maçonnerie à s’assécher. Rappelons que la maçonnerie est poreuse et que selon la composition de ses éléments, le contenu en humidité peut devenir important. En combinant ainsi un assèchement plus lent et des températures moyennes plus basses, l’ajout d’isolant peut favoriser les conditions menant à l’éclatement de la maçonnerie. C’est pour ces raisons que certains professionnels refusent de prescrire l’ajout d’isolant pour des ouvrages de maçonnerie existants, particulièrement lorsqu’il s’agit de maçonnerie de masse. Bien que l’ajout d’isolant à petite dose offre généralement un compromis intéressant entre confort et conservation, il s’avère plus prudent de recommander une analyse des propriétés physiques de la maçonnerie en laboratoire avant de procéder à l’ajout d’isolant.

Présence de condensation dans le vide sous toit à la suite de l’augmentation de la valeur isolante (étanchéité à l’air incomplète).

La mise en garde est également valable pour des murs de fondation existants où l’ajout d’une bonne quantité d’isolant à partir de l’intérieur pourrait contribuer à changer radicalement le comportement d’un sol gélif adjacent aux fondations. La perte de chaleur permise par une faible isolation ou l’absence de celle-ci permet généralement au sol adjacent à une fondation de se soustraire aux impacts directs du gel. Selon la nature du sol, on pourrait favoriser des problèmes de soulèvement par le gel ou la congélation adhérente. Pour des fondations en blocs de béton par exemple, l’ajout d’isolant pourrait favoriser l’expansion du sol et le tassement latéral des blocs.

La liste des problèmes potentiels est longue. Ainsi, lors de travaux majeurs impliquant l’ajout d’isolant, assurez-vous de ne pas vous mettre les pieds dans les plats !

REJOINTOIEMENT D’UN OUVRAGE DE MAÇONNERIE

Lorsqu’il faut procéder au rejointoiement d’un ouvrage de maçonnerie, il s’avère essentiel de bien connaître les propriétés des matériaux existants avec lesquels on devra travailler. La plupart des ouvrages de maçonnerie patrimoniaux sont liés par du mortier ayant comme liant principal la chaux. Ces mortiers à base de chaux sont plus tendres et plus flexibles que les mortiers contemporains qui contiennent du ciment Portland, mais les mortiers à la chaux ne sont pas pour autant moins durables.

Éclatement de la maçonnerie probablement lié aux cycles de gel/dégel.

Le rejointoiement d’un ouvrage ancien doit donc s’effectuer avec un mortier offrant des caractéristiques similaires à celui employé originalement lors de la construction. En utilisant un mortier trop dur, on risque d’endommager les éléments de maçonnerie qu’on cherche à conserver. La règle de base veut que le mortier ait une résistance à la compression légèrement plus faible que les éléments de maçonnerie.

Également, pour une réparation durable, les joints devraient être évidés sur une profondeur équivalente à deux à trois fois leur épaisseur avant de procéder au rejointoiement. Finalement, on recommande de bien humidifier les joints avant l’application du mortier de réparation, et ce, pour optimiser le liaisonnement et minimiser les fissures de retrait. Le rejointoiement de maçonnerie existante comporte bien des subtilités, ne confiez pas cette tâche à n’importe qui!

AUGMENTATION DE LA VENTILATION D’UNE TOITURE

Il y a une forte tendance chez les couvreurs à remplacer les dispositifs de ventilation des vides sous-toits lors de la réfection d’une toiture. La règle pour une construction neuve veut qu’une toiture en pente (2/12 et plus) soit ventilée au ratio de 1/300, tandis qu’une toiture à faible pente (moins de 2/12) au ratio de 1/150.

Il faut remettre en perspective que les ratios établis pour les bâtiments neufs, isolés et plutôt bien étanches à l’air ne sont pas nécessairement adéquats pour les immeubles plus âgés. L’augmentation de l’apport en ventilation d’un vide sous toit peut favoriser la création d’autres problèmes, et ce, spécialement dans les bâtiments où l’étanchéité à l’air est déficiente. L’ajout de ventilation peut alors favoriser l’exfiltration d’air dans le vide sous toit et transférer une quantité considérable d’air chaud et humide, tout ce qu’il y a de plus propice à la formation de condensation et de givre.

Condensation en débord de toit à la suite de l’augmentation de la capacité d’extraction de ventilateurs de toit (aspiration dans le bâtiment).

Ceci étant dit, à moins d’être aux prises avec un sérieux problème de vieillissement prématuré des composantes de toitures, la formation de barrages de glace imposants ou de condensation dans le vide sous toit, nous ne recommandons pas d’augmenter l’apport en ventilation d’une toiture existante. Comme on le dit si bien, « on ne change pas une recette gagnante ». En résumé, si le bardeau montre des signes d’usure relativement normale et qu’il a atteint une durée de vie avoisinant la vingtaine d’années, il s’avère plus prudent de ne pas modifier l’apport en ventilation.

Par contre, si vous êtes aux prises avec l’un des problèmes préalablement mentionnés, sachez que l’augmentation de la ventilation du vide sous toit peut être utile. Toutefois, elle sera généralement combinée à d’autres interventions sur l’enveloppe du bâtiment. Il peut donc être requis d’ajouter de la ventilation à une toiture existante. Cela implique de devoir procéder à une vérification des composantes de l’enveloppe du bâtiment visé. En cas de doute, consultez un professionnel dans le domaine!

À propos de l'auteur

Pierre-Marc Larochelle

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