Rénovation Technique

Réfection de toiture en bardeaux d’asphalte: l’importance de faire une bonne soumission

Mark Richardson
Écrit par Mark Richardson

Au Québec, la majorité des bâtiments résidentiels sont protégés par une toiture avec un revêtement composé de bardeaux d’asphalte. Les hivers longs, froids et pluvieux des dernières années de même que les canicules d’été de plus en plus fréquentes rendent la vie difficile aux revêtements de toiture.

Il n’est pas rare de devoir les remplacer avant leur fin de vie théorique, en raison d’un bris ou simplement d’une mauvaise installation initiale. Pour un client, il est assez facile de trouver un entrepreneur spécialisé prêt à effectuer le travail. L’Internet regorge de candidats potentiels. Un entrepreneur doit donc se démarquer de la concurrence s’il veut prospérer et durer.

De bons travaux commencent toujours par une bonne préparation. Voici quelques points qu’un entrepreneur devrait vérifier avant de déposer sa soumission.

1. La cueillette d’informations

Cette étape, souvent négligée, s’avère essentielle pour présenter une soumission juste, éviter les extras et les conséquences d’un problème pouvant survenir après les travaux, comme l’apparition des barrages de glace. La première question à poser est l’année de la construction du bâtiment. Ainsi, on peut comprendre comment et avec quels matériaux la toiture a été réalisée. Si le bâtiment date de 1960, il y a de fortes chances que le pontage soit en planches plutôt qu’en panneaux.

Par la suite, il faut s’informer sur l’année de la dernière réfection. La durée de vie utile d’un bardeau est d’environ 20 ans, la majorité des bâtiments construits avant les années 2000 a assurément déjà subi un remplacement du revêtement de toiture. Cette information permettra d’évaluer si l’état du bardeau en place correspond à sa durée de vie réelle. Un bardeau qui montre des signes de détérioration avancés après quelques années d’installation devrait subir une inspection plus approfondie.

Il est aussi important de savoir si des problèmes sont survenus dans le passé. Est-ce que des réparations locales ont dû être effectuées ? Y a-t-il eu des infiltrations d’eau?

Finalement, il faut demander au client comment se comporte sa toiture en période hivernale. S’il y a présence de glaçons, il est possible que la ventilation ou l’isolation soit défaillante.

2. L’inspection visuelle

Le type de bâtiment nous indique si les travaux seront assujettis ou non au décret. Un bâtiment de type unifamilial isolé, jumelé ou en rangée sera non assujetti, contrairement à un bâtiment de type multilogements.

La hauteur du bâtiment aura un impact sur le montant de la soumission. Cela va de soi, le prix pour la réfection d’une toiture d’un bungalow diffère d’un immeuble de trois étages avec une forte pente. Dans ce cas, des échafaudages seront requis pour exécuter les travaux.

L’inspection de l’environnement permettra de récolter des données nécessaires. Certains arbustes devront-ils être protégés? Une clôture devra-t-elle être déplacée ? Un échafaudage est-il requis? Une fois les travaux entamés, la prise de conscience de l’un de ces éléments risque d’entraîner une augmentation des coûts, et une diminution des profits.


L’inspection visuelle est aussi le moment de prévoir la mobilisation du chantier. Le matériel devra-t-il être livré avec un camion girafe ? Si tel est le cas, le matériel peut-il être déposé dans la rue, chez le client ou doit-on empiéter sur le terrain du voisin? Il peut s’avérer judicieux de rencontrer le voisin pour l’aviser des travaux à venir et de la possibilité d’utiliser une section de son terrain pour permettre la livraison directement sur le toit.


C’est également le moment de vérifier si des lignes d’Hydro-Québec se trouvent à proximité. Un fil de moyenne tension ne doit pas être situé à moins de trois mètres d’une toiture. Une protection et une coordination avec Hydro-Québec pourraient s’avérer nécessaires. Un manquement à cette obligation engendrera l’arrêt des travaux par la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST).

3. L’inspection extérieure et intérieure

Les trois principales raisons de remplacer les bardeaux sont le vieillissement normal, le vieillissement prématuré ou un sinistre.

Si les bonnes questions ont été posées au client lors de la cueillette d’informations, il est facile de savoir dans laquelle de ces catégories se classe le projet. Dans un cas comme dans l’autre, il est primordial d’effectuer une inspection de la toiture autant à l’extérieur qu’à l’intérieur.

L’inspection extérieure devrait permettre de déceler la nature de la toiture comme la longueur des noues et des faîtes de toit, le nombre de pignons ou le nombre de sorties de ventilation et de plomberie qui traversent le revêtement. Cette étape permet aussi de déceler les endroits propices à l’accumulation de précipitations qui nécessiteraient une attention particulière lors de la réfection.

L’état actuel du bardeau devrait aussi être vérifié. Pustulage, ondulations, perte de granules ou relèvement anormal des pattes laissent croire à un problème plus sérieux. Un simple remplacement des bardeaux sans s’attarder à la cause d’un désordre affectera inévitablement la durée de vie du nouveau revêtement, et l’entrepreneur ayant procédé aux travaux de remplacement pourrait éventuellement être appelé à corriger le problème.

La performance d’une toiture dépend beaucoup de la qualité de sa ventilation et de son isolation dans le comble. C’est pourquoi l’inspection intérieure est essentielle.

Pour ce qui est de la ventilation, deux mots sont à retenir: quantité et répartition. La ventilation doit non seulement être suffisante, mais elle doit être répartie de façon à créer un transfert d’air pour éviter une surchauffe et un excédent d’humidité, autant en hiver qu’en été. Il n’est pas recommandé d’ajouter plusieurs sorties de ventilation en partie supérieure d’une toiture si aucune prise d’air n’est présente en partie inférieure. Cette pratique pourrait même augmenter les problèmes liés au revêtement, surtout pour de vieilles constructions qui sont habituellement peu étanches à l’air et à la vapeur au niveau du plafond adjacent au comble.

L’entrepreneur devra donc s’assurer que la ventilation est non seulement suffisante, mais aussi bien répartie. Les orifices de ventilation doivent être répartis également sur les façades opposées du bâtiment avec au moins 25 % de la ventilation en partie supérieure et 25 % en partie inférieure (CCQ 2010 – 9.19.1.2. 3)).

L’isolation pourrait également être augmentée pour éviter les pertes de chaleur de la maison vers le comble. Encore une fois, il faudra s’assurer que l’ajout d’isolation ne vient pas altérer la ventilation de celui-ci en bloquant certaines prises d’air en partie inférieure.

Finalement, l’inspection du comble devrait permettre de vérifier l’étanchéité du pare-vapeur du plafond du dernier étage. Les trappes d’accès, lumières encastrées, conduits de ventilation sont tous des endroits propices à la perte de chaleur et d’humidité.

IMPORTANT : Il n’est pas recommandé d’ajouter plusieurs sorties de ventilation en partie supérieure d’une toiture si aucune prise d’air n’est présente en partie inférieure.

4. La connaissance du produit à installer

En ce qui concerne la réglementation, la section 9.26. du Code de construction du Québec donne les exigences sur la façon d’installer du bardeau d’asphalte. De plus, chaque manufacturier a son propre guide d’installation. Il est primordial de savoir quels bardeaux seront installés et de prendre connaissance des exigences et recommandations qui s’y rattachent.

La fixation ou la pose des membranes de départ sont des exigences qui pourraient différer d’un manufacturier à l’autre, et cela pourrait avoir un impact sur le montant de la soumission. Il faut comprendre que lors d’un litige, un bardeau non installé tel qu’exigé par le manufacturier annule la garantie, ce qui risque d’entraîner des coûts supplémentaires pour l’entrepreneur.

Pour en savoir plus, vous pouvez consulter la fiche technique portant sur la réfection de toiture. Prenez note que les fiches techniques sont accessibles aux membres de l’APCHQ uniquement.

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Mark Richardson

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