Technique

Drainage des toits plats : ce qu’il faut savoir

Certaines mauvaises langues diront qu’il y a deux types de toits plats, ceux qui coulent et ceux qui couleront. Blague à part, les systèmes de toiture à faible pente moderne sont tout à fait en mesure de vous protéger contre les intempéries, et ce, pendant plusieurs années.

Certains systèmes s’avèrent même plus durables que les traditionnels bardeaux d’asphalte, mais seront toutefois plus coûteux. Ceci étant dit, il faut savoir que les problématiques en lien avec les toits plats sont généralement de nature humaine, autant en conception qu’en exécution.

Garantie de construction résidentielle (GCR) faisait d’ailleurs état de réclamations récurrentes avec les toitures à faible pente lors de sa tournée des entrepreneurs en 2019. Voici donc un résumé des différentes exigences que vous devrez connaître avant de songer à mettre en œuvre un toit plat sur le prochain bâtiment que vous construirez!

Avaloirs de toit à débit contrôlé

Lors de la construction d’une nouvelle habitation, il se peut que la municipalité où vous construisez exige une méthode de rétention des eaux de pluie. Pour ce faire, il est possible d’installer des avaloirs de toits à débit contrôlé. Il s’agit d’une méthode efficace et reconnue, mais qui comporte aussi un facteur de risque important, soit celui de contenir une énorme quantité d’eau sur la toiture. À cet effet, nous préconisons, lorsque la situation le permet, la mise en place d’un bassin de rétention ailleurs que sur la toiture.

Voici quelques considérations de base :

  • La charge

Avant de munir une toiture d’un drain à débit contrôlé, il faut s’assurer que la toiture a été conçue pour supporter la charge d’eau excédentaire. Il est donc très peu probable qu’on en installe en rénovation, par exemple. À noter que le temps d’écoulement complet peut aller jusqu’à 24 heures au maximum. En cas de doute, validez avec votre ingénieur en structure.

  • Profondeur maximale des bassins

L’accumulation maximale d’eau sur la toiture ne doit jamais excéder 6 pouces. La mesure se prend généralement à partir du point le plus bas, soit le drain.

  • Trop-pleins et dalots d’urgence

Si vous installez un avaloir de toit à débit contrôlé, vous devez obligatoirement munir la toiture d’un trop-plein ou d’un dalot d’urgence afin de pouvoir évacuer l’eau excédentaire en cas d’obstruction du drain ou de précipitations hors du commun. Ces mesures visent à respecter, en tout temps, l’accumulation maximale de 6 pouces d’eau sur la toiture.

  • Nombre et emplacement

Les avaloirs à débit contrôlé doivent être situés à au plus 15 mètres du bord de la toiture, et à au plus 30 mètres des autres avaloirs. Conséquemment, il faudra minimalement un avaloir à débit contrôlé pour une superficie maximale de 900 m2. Attention! Dans le contexte où une toiture aurait plus de 30 mètres de largeur, il faudra obligatoirement prévoir deux avaloirs afin de respecter la distance maximale de 15 mètres avec les bords de la toiture.

Dalots d’urgence et trop-pleins

Introduit dans la version 2010 du Code national de plomberie, modifié Québec, l’article 2.4.10.4 vient préciser la nécessité de munir certains toits à faible pente (toit plat,- de 2 :12) de dispositifs de drainage d’urgence.

Les dalots d’urgence, communément appelés « gargouilles », doivent permettre l’évacuation du surplus d’eau vers un autre bassin de la toiture ou vers le sol.

Quant aux trop-pleins, il s’agit en fait d’un avaloir de toit destiné à être sollicité lorsqu’il y a accumulation d’eau sur la toiture. Ils peuvent être raccordés au même conduit d’évacuation qu’un drain principal.

Ces mesures visent à réduire le risque d’infiltration d’eau en limitant en tout temps la quantité d’eau maximale à 150 mm sur la toiture. Par conséquent, les dispositifs de drainage d’urgence doivent être sollicités à une hauteur maximale de 150 mm, mesurée à partir du point le plus bas de la toiture.

Les toitures visées par ces mesures sont les suivantes :

  • Toitures munies d’un avaloir à débit contrôlé
  • Toitures avec avaloir régulier lorsqu’il y a un risque d’infiltration d’eau par un « mur en surélévation »

Le mur en surélévation, tel qu’il est défini, comprend toutes les projections verticales de la toiture par lesquelles il pourrait y avoir infiltration d’eau, les bases d’appareils mécaniques, les solins intramuraux, les parapets de toiture, etc.

À noter que lorsque les parapets de toiture ont une hauteur inférieure à 150 mm, mesurée à partir du point le plus bas du toit, et qu’une accumulation d’eau sur la toiture supérieure à 150 mm est par conséquent impossible, ils ne seront pas visés l’article 2.4.10.4.

À titre d’exemple, une toiture munie d’arrêt de gravier ou de parapets inférieurs à 150 mm ne sera pas visée par la nécessité de fournir un dispositif de drainage d’urgence.

Pour les toitures inversées, il faut mesurer la hauteur de 150 mm à partir de la membrane, donc sous les couches d’isolant et de lest.

À NOTER : Selon les précisions fournies par l’Association des maîtres couvreurs du Québec (AMCQ) (bulletin technique n15, 31 janvier 2020), un seul dalot ou trop-plein est requis si celui-ci peut évacuer 200 % de l’accumulation de pluie maximale prévue en 15 minutes, dans la région donnée.

Calcul de la charge hydraulique

Les toits à faibles pentes et les surfaces revêtues devant être drainées au moyen d’avaloirs doivent faire l’objet d’un calcul de charge hydraulique.

Dans ce cas, la valeur de référence qui doit être prise en compte est la quantité de précipitations maximales prévues en 15 minutes (disponible à l’annexe « C » du Code de construction du Québec (CNB modifié 2010)).

On multiplie cette donnée par la superficie en mètres carrés de la surface à drainer.

On doit aussi considérer la plus grande surface verticale adjacente et inclure 50 % de sa superficie dans le calcul.

Ex. : Montréal « Hôtel de ville », précipitations maximales en 15 min = 23 mm

Surface de toit 200 m2 x 23 = (4 600 L) + la moitié de la plus grande surface verticale  : (150 m2 x 50 %) = 75 *23 = (1 725 L) + 4 600 L = 6 325 L (charge hydraulique maximale en L)

Selon le tableau 2.4.10.11 du Code national de plomberie (CNP), la descente pluviale pourra être d’un diamètre de 4  po.

DESCENTE PLUVIALE CIRCULAIRE

Diamètre de la descente en pouces Charge hydraulique maximale en litres
2 1 700
2-1/2 3 070
3 5 000
4 10 800
5 19 500
6 31 800
8 68 300

Voilà donc un survol des principales exigences réglementaires qui pourraient s’appliquer à vos prochains travaux de couverture sur des toits à faible pente. Évidemment, les paramètres relatifs à la mise en œuvre de ces systèmes ne sont pas traités ici, mais sont tout aussi critiques. 

Une installation performante nécessite avant tout une bonne connaissance des produits à installer et de leurs limitations. À noter que les manufacturiers seront généralement en mesure de vous fournir une assistance rapide et pourront aussi répondre à vos questions en cas de doute. Vous pourrez toujours vous tourner vers l’Association des maîtres couvreurs du Québec (AMCQ) ou vers le Service technique de l’APCHQ afin de vous assurer de ne rien laisser au hasard.

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Pierre-Marc Larochelle

Pierre-Marc Larochelle

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