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Construction résidentielle : un sommet depuis 10 ans malgré la crise?

Paul Cardinal
Écrit par Paul Cardinal

Contre toute attente, le nombre de mises en chantier résidentielles au Québec pourrait bien s’inscrire à la hausse cette année.

En dépit du confinement du printemps qui a mené à une fermeture complète des chantiers du 24 mars au 19 avril, puis partielle jusqu’au 11 mai, le cumul de janvier à septembre des mises en chantier dépasse de 3 % leur niveau de 2019 pour la même période de neuf mois. Il faut dire que la croissance a été très soutenue dans les mois qui ont suivi le confinement.

Au total, pour l’année, nous prévoyons 48 500 mises en chantier, soit une légère hausse de 1 %, ce qui permettra d’atteindre un sommet de 10 ans. En 2021, nous entrevoyons une autre très bonne année, néanmoins avec une baisse de 7 % du nombre de logements entamés. Cette diminution sera entièrement attribuable à un recul des mises en chantier locatives.

Impacts de la pandémie

La crise sanitaire entraîne son lot de conséquences sur les choix résidentiels des consommateurs, ce qui se répercutera inévitablement sur l’offre de propriétés neuves. À cet effet, c’est sans doute l’ampleur du télétravail une fois la pandémie derrière nous qui aura le plus d’impact. Pour les ménages qui auront être à proximité de son employeur sera un concept bien relatif. Ils pourront s’éloigner un peu plus et voudront des espaces bureau à la maison. Avoir une cour sera sans doute aussi plus prisé.

Nous anticipons qu’il y aura un certain regain d’intérêt pour la banlieue et les centres urbains de plus petites tailles, les maisons individuelles, les résidences secondaires et, dans une moindre mesure, pour les maisons intergénérationnelles.

D’un autre côté, un des impacts négatifs de la pandémie est, en raison de la fermeture partielle des frontières, l’effondrement du solde migratoire, plus particulièrement du solde des résidents non permanents. En 2019, le Québec avait accueilli quelque 32 000 immigrants et un nombre record de plus de 60 000 résidents non permanents. Ceux-ci sont principalement des travailleurs temporaires et des étudiants étrangers, une clientèle qui se loge en très grande majorité grâce au marché locatif. Voilà qui explique en bonne partie l’envolée de la construction locative au Québec depuis quelques années.

En 2019, un sommet de 33 ans a été atteint à ce chapitre, avec plus de 24 000 mises en chantier locatives, et ce nombre sera similaire en 2020. Toutefois, ce rythme devra inévitablement ralentir l’an prochain.

Prévisions : construction et rénovation

Ainsi, nous prévoyons des gains de 5 % et de 8 % pour la construction de maisons unifamiliales, respectivement en 2020 et 2021. Pour ce qui est de la copropriété, nous attendons environ 8 000 mises en chantier cette année et l’an prochain. De son côté, la construction de logements locatifs fléchira de quelque 5 000 logements, passant de 24 500 unités en 2020 à 19 500 unités en 2021.

En ce qui a trait aux dépenses de rénovation, malgré le fait que plusieurs ménages semblent avoir converti leur budget voyage en budget rénovation cet été, entraînant du même coup une pénurie de matériaux dans plusieurs quincailleries, les données de Statistique Canada laissaient plutôt voir, pour la période de janvier à août, une diminution de 21  % des dépenses de rénovation au Québec. Même si les derniers mois de l’année devaient s’avérer très dynamiques, on terminera assurément 2020 avec une baisse, de l’ordre de 8 %, selon nos prévisions. On devrait tout de même assister à un fort rebond en 2021.

Le marché de la revente est en pleine ébullition et ceci est de bon augure pour les dépenses de rénovation puisque les nouveaux propriétaires réalisent beaucoup de travaux au cours des premières années suivant leur achat.

Ajoutez à cela des ménages qui aménageront des espaces bureau à la maison, ceux qui, faute de voyager, vont passer leurs prochaines vacances à la maison et voudront investir dans leur chez-soi et, finalement, des taux d’intérêt tout près de leur creux historique, et vous avez une recette propice à des dépenses de rénovation record qui atteindront 15,8 G$ l’an prochain (+16 %). Si, par surcroît, les gouvernements mettent en place des programmes pour stimuler les rénovations écoénergétiques, les marteaux n’ont pas fini de résonner de sitôt !

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