Rénovation Technique

Pourquoi mon plancher de bois craque-t-il?

Marco Lasalle
Écrit par Marco Lasalle

Travailleur infatigable, René Rocheleau a réalisé plus de 1 845 inspections au cours de sa carrière. L’équipe du Québec habitation l’a rencontré afin de vous partager l’enseignement d’un maître dans l’industrie des revêtements de plancher en bois franc.

René Rocheleau a réalisé plus de 1 845 inspections au cours de sa carrière.


René Rocheleau en a vu des installations de revêtement de plancher en bois franc dans ses 34 ans de carrière en tant qu’inspecteur certifié par la National Wood Flooring Association (NWFA). Cet expert de réputation internationale a notamment été appelé à travailler sur des dossiers aux États-Unis, en Angleterre, en Pologne, en Irlande et en Hollande.

Notre expert nous fait tout d’abord remarquer qu’il y a une recrudescence de la problématique des bruits de craquement émis par les revêtements de plancher en bois depuis près d’une dizaine d’années.

National Wood Flooring Association (NWFA) :
Association américaine à but non lucratif représentant tous les segments de l’industrie du revêtement du bois tels que des manufacturiers, des distributeurs, des installateurs, des inspecteurs et des consultants.

En bon pédagogue, il résume les causes associées aux bruits de craquement à cinq sources, facilement identifiables et évitables :

1) Frottement des points d’ancrage des planches du revêtement dans le sous-plancher

2) Frottement entre les points d’ancrage du sous-plancher et les poutrelles

3) Frottement entre les lattes de bois du revêtement (mécanique d’insertion)

4) Frottement entre les poutrelles et leurs points d’ancrage (aboutage)

5) Frottement provenant des poutrelles elles-mêmes (intérieure)

1) Frottement des points d’ancrage des planches du revêtement dans le sous-plancher

Il s’agit de la situation la plus fréquente et dispendieuse à corriger. Pourtant, elle est simple à prévenir. En ce qui concerne l’installation, la cause est généralement la fixation des lattes et l’incapacité pour le sous-plancher de bien retenir les ancrages. De plus, les erreurs les plus courantes sont des ancrages trop courts ou une distance trop longue entre les ancrages. Selon l’expert, un plancher installé selon les règles de l’art a peu de chances de produire des grincements, sauf s’il est exposé à de vilaines conditions d’humidité.

Il a été observé, dans de nombreuses résidences, des bruits de craquement aux murs de terminaison de pose. Cette situation est essentiellement causée par un manque chronique d’ancrages pour les quatre à cinq derniers rangs.

L’expert conseille fortement de ne pas mettre de papier pare-vapeur sous les quatre à cinq derniers rangs, et de les encoller soit avec des colles à base d’eau de 4,500# ou à base d’uréthane. Il rappelle qu’il faut porter une attention spéciale lors de l’application de la colle à base d’uréthane, car il est extrêmement difficile d’en effacer les traces s’il y a débordement.

Il est fortement conseillé de ne pas mettre de membrane sous les quatre à cinq derniers rangs et les coller avec une colle à base d’eau.

2) Frottement entre les points d’ancrage du sous-plancher et les poutrelles

L’utilisation de colle pour assujettir le sous-plancher aux poutrelles a pratiquement annulé une des causes de craquement de plancher.

Ce phénomène est moins répandu depuis que les sous-planchers sont collés aux poutrelles. Cette opération, pourtant si simple, diminue drastiquement la possibilité de tout mouvement entre ces deux éléments. L’ajout de vis en plus de la colle est une meilleure pratique.

En rénovation, puisque l’on ne peut ajouter de la colle entre le sous-plancher et les solives, il est recommandé de valider le bon assujettissement du sous-plancher aux solives et de visser aux endroits requis.

3) Frottement entre les lattes de bois du revêtement (mécanique d’insertion)

La problématique la plus difficile à gérer est le grincement lié au mouvement des lattes entre elles. Cette situation peut provenir d’un problème de fabrication ou d’une installation lâche. Essentiellement, le bruit provient d’un cisaillement entre la section mâle/femelle des lames.

Lorsqu’il y a un mauvais ajustement des languettes et rainures (mâle/femelle), celles-ci peuvent être trop lâches ou trop serrées.

INSERTION TROP LÂCHE :

  • Facilement observable, car c’est toujours la partie rainure (femelle) qui est en mouvement.
  • Le mouvement est généralement perceptible sur toute la longueur de la planche.

INSERTION TROP SERRÉE :

  • Situation peu fréquente.
  • Le bruit émis est généralement sec avec peu de répétitions.

4) Frottement entre les poutrelles et leurs points d’ancrage (aboutage)

Les poutrelles de plancher ont une déflection prévue à la base. Ces déflections font en sorte que les points d’ancrage des poutrelles (sur étriers ou lambourdes) peuvent bouger, comme une articulation. Encore une fois, cette situation est facile à prévenir, à repérer et à corriger grâce à l’ajout de colle.

5) Frottement provenant des poutrelles elles-mêmes (intérieure)

Cette situation est rare, mais possible puisque les poutrelles de plancher sont des éléments manufacturés composés de plusieurs pièces de bois fixées directement l’une sur l’autre. Si une pièce n’est pas suffisamment assujettie à l’assemblage, elle peut bouger et émettre des sons de grincement. Dans cette situation, le son est très localisé et l’ajout de colle devrait suffire à immobiliser la pièce qui pose problème.

Recommandations de l’expert

Selon René Rocheleau, les prescriptions du Code de construction sont insuffisantes pour assurer une performance irréprochable.

Une pose selon les règles de l’art devrait inclure minimalement :

  • Un sous-plancher composé de contreplaqué s’il a une épaisseur de 5/8 po (en cas contraire, utiliser des feuilles de 3/4 po)
  • Un pontage vissé/collé aux poutrelles de plancher
  • Une membrane papier au-dessus du pontag 
  • Un enclouage aux 8 à 10 po c/c maximum
La meilleure pratique recommande l’insertion de points d’ancrage tous les 8 pouces, peu importe la largeur des lames.

Il prône ces quelques éléments tirés du guide Technical Manual de la NWFA, qu’il considère comme étant représentatif des règles de l’art.

Finalement, le contrôle hygrométrique de l’air ambiant est essentiel à la bonne performance des revêtements de bois franc. Un mauvais contrôle de l’humidité (exposition trop sèche ou trop humide) est généralement l’élément déclencheur des bruits de craquement.

Le bois est un matériau vivant et une trop grande variation de son volume d’humidité lui fait prendre de l’expansion ou du retrait. Cela fait bouger les points d’ancrage et peut les désassujettir. C’est à ce moment que l’histoire d’amour entre un individu et son plancher peut faire place à une relation amour/haine.

Note 1 : Dans tous les cas, il faut au minimum deux points d’ancrage sur les pièces courtes.
Note 2 : Les points d’ancrage en bouts de pièces doivent être positionnés de 1 à 3 po des extrémités.

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Marco Lasalle

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