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Radon : quoi de neuf sous la dalle?

Marco Caron
Écrit par Marco Caron

Bien que le radon soit de plus en plus un sujet d’actualité, sa nature et sa réglementation sont encore des aspects assez méconnus de la plupart des gens. Voyons voir de quoi il retourne.

Cet article a été mis à jour le 30 octobre 2023.

Qu’est-ce que le radon?

Au Canada, novembre est le mois de sensibilisation au radon. Le radon est un gaz qui peut s’infiltrer dans les bâtiments, surtout par les fondations, et parfois s’accumuler et atteindre des concentrations entraînant un risque pour la santé. Comme il s’agit d’un gaz invisible et inodore, il est impossible de le détecter par les sens. Le radon est la première cause de cancer du poumon chez les non-fumeurs.

Et la réglementation?

Regardons la réglementation concernant les bâtiments neufs. Le Québec a longtemps fait bande à part concernant les exigences et les normes applicables dans le cas du radon, tant pour les concentrations acceptables que pour les mesures à prendre pour prévenir ou évacuer les gaz.  Cependant, cette situation a changé lors de la publication du Code de construction du Québec, Chapitre I – Bâtiment, et du Code national du bâtiment – Canada 2015 (CCQ 2015), qui est maintenant en harmonie avec son pendant canadien, le Code national du bâtiment-2015 (CNB 2015).

ATTENTION!
Il existe une norme du Canadian General Standards Board (CGSB) sur les mesures d’atténuation du radon dans les maisons et petits bâtiments.  À moins d’un règlement municipal qui vous y contraint, ce n’est pas cette norme qu’il faut suivre, mais les directives
du CCQ (lorsque le Code s’applique).

En effet, la nouvelle mouture du Code de construction (CCQ 2015) qui est entrée en vigueur le 8 janvier 2022 contient des changements importants à la section 9.13.4. – Protection contre les gaz souterrains.

Un des changements importants est que le concept d’ « …endroit où il est reconnu que les émanations de gaz souterrains constituent un danger… » (extrait de 9.13.4.1.1) du CCQ 2010) n’existe plus.  Comme l’a démontré l’Enquête pancanadienne sur les concentrations de radon dans les habitations publiée par Santé Canada en 2012, le radon n’a pas de frontière et est pratiquement présent partout. 

Par conséquent, afin que les bâtiments bénéficient de la protection contre l’infiltration des gaz souterrains sans distinction géographique ou autres, il est maintenant prescrit à 9.13.4.1. du CCQ 2015 que « 1) a) les murs, toits et planchers séparant un espace climatisé du sol; et b) la mise en place des moyens nécessaires pour permettre la protection ultérieure d’un espace climatisé séparé du sol par un mur, un toit ou un plancher. »

Sauf aux exceptions prévues aux articles 9.13.4.2.2) et 3) du CCQ 2015, les canalisations nécessaires à un système de dépressurisation doivent être mises en place dès la construction.

Les articles 9.13.4.2. et 9.13.4.3. expliquent de façon pertinente, pratique et réaliste les matériaux et méthodes pour respecter les prescriptions concernant l’installation de la protection contre l’infiltration des gaz et de la mise en place des moyens pour le système de dépressurisation.

Ainsi, le bâtiment sera prêt pour l’installation de l’équipement de dépressurisation si un test devait confirmer une concentration dépassant la norme recommandée par Santé Canada. Par conséquent, la conception doit maintenant prévoir deux stratégies. La première consiste à mettre en place un système d’étanchéité à l’air qui vise à empêcher les infiltrations de radon par le sol, et ce, autant au niveau du plancher que des murs.

La deuxième stratégie est de prévoir, dès la construction, un moyen d’évacuation du radon avant même que celui-ci migre à l’intérieur du bâtiment, advenant que le système d’étanchéité à l’air mis en place soit défaillant.

Mais qu’est-ce qu’un système d’étanchéité à l’air? Il s’agit d’un ensemble de matériaux formant une surface continue et destiné à empêcher le passage de l’air.

Les matériaux pouvant être utilisés pour effectuer le système d’étanchéité à l’air au niveau des murs de fondation sont les mêmes que ceux pouvant être utilisés pour le système pare-air des murs extérieurs.

Sous la dalle, on peut utiliser une pellicule de polyéthylène de 0,15 mm et le chevauchement entre les joints de pellicule doit être d’au moins 300 mm (12’’). Il est possible d’utiliser d’autres matériaux comme des polystyrènes expansés scellés, des polystyrènes extrudés scellés, ou même, de l’isolant de polyuréthane conforme pour cet usage.

Ce qui importe le plus pour assurer la bonne performance du système d’étanchéité à l’air est qu’il soit scellé et continu sur toutes les surfaces de murs et de planchers qui séparent le sol de la maison.

ATTENTIONS PARTICULIÈRES
Il a été constaté lors de tests d’infiltrométrie que les points faibles au sujet de l’étanchéité à l’air (par conséquent aux gaz) se retrouvent souvent au pourtour des conduits traversant la dalle, au pourtour du bassin et du couvercle des bassins coulés dans la dalle, aux jonctions avec les murs porteurs et par les poteaux de soutien en acier (vide). Une attention particulière doit donc être apportée à l’intégrité du système d’étanchéité à l’air avant la coulée de la dalle, mais aussi à la calibration du système d’échange d’air (VRC) afin que le bâtiment ne se retrouve pas en pression négative. Cette situation favoriserait l’infiltration de radon par les imperfections du système d’étanchéité à l’air, le cas échéant.

L’autre changement notable est qu’en abandonnant ses propres prescriptions du CCQ 2010 concernant la protection des gaz souterrains et faisant siennes celles du CNB 2015, le Québec abaisse le taux acceptable de radon qui passe ainsi de 800 Bq/m3 (becquerels par mètre cube) à 200 Bq/m3 (becquerels par mètre cube). Il est à prévoir que le changement du taux de concentration de radon fera augmenter le nombre de systèmes de dépressurisation qui seront à installer.

La fiche technique Préparation : système de captation des gaz (radon) conforme aux exigences du Code 2015 est maintenant disponible sur le site de l’APCHQ.

Bâtiment existant

À moins de vouloir investir des sommes considérables afin de respecter les recommandations précédemment formulées, les mesures prises pour diminuer l’exposition au radon dans un bâtiment existant devraient être adaptées aux conditions rencontrées. En fait, plusieurs méthodes alternatives pourraient suffire à en abaisser considérablement la concentration.

Pour une maison disposant, par exemple, d’un vide sanitaire sur terre battue, on pourrait envisager de rendre étanche à l’air le plafond entre le vide sanitaire et la résidence, puis d’augmenter l’apport en ventilation de cet espace.

Les dalles sur sol présentes dans les bâtiments plus âgés ne sont généralement pas installées sur une pellicule de polyéthylène, et on les retrouve habituellement directement au sol, sans couche de remblai granulaire. Il n’est donc pas possible de dépressuriser sous ces dalles comme on le ferait en construction neuve. Dans cette situation, on pourrait en premier lieu opter pour un scellement des fissures et des percements de la dalle et des murs de fondation. On pourrait également installer des feuilles de polyéthylène et les sceller directement à la surface de la dalle de béton, à condition de protéger le tout avec un revêtement de sol.

Ajout d’un système de ventilation mécanique

Si ces mesures s’avéraient insuffisantes, l’ajout d’un ventilateur récupérateur de chaleur (VRC) pourrait également être bénéfique puisque comme mentionné précédemment, l’un des facteurs attirant le radon à l’intérieur des bâtiments est la différence de pression avec l’environnement extérieur (pression négative). De plus, en utilisant un VRC, on permet alors un apport en air frais.

Enfin, il y aurait probablement plusieurs autres solutions qui pourraient s’avérer efficaces pour les bâtiments existants. Si vous souhaitez devenir un.e expert.e en traitement de ce gaz radioactif, sachez qu’il y a de plus en plus de documentation disponible en ligne sur le sujet.

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Marco Caron

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