Technique

Des membranes de solin qui font la différence

Il y a quelques années à peine, on installait peu ou pas de membranes de solin autour des ouvertures des habitations, et les produits utilisés étaient souvent inadéquats, peu efficaces ou mal utilisés.


Finalement, l’étanchéité d’un bon nombre de portes et fenêtres dépendait d’une généreuse application de calfeutrant… à répéter au besoin!

Cette époque est toutefois révolue et heureusement, l’enveloppe des bâtiments a connu des améliorations importantes au cours des dernières années. À cet effet, l’avènement des membranes autocollantes a grandement contribué à l’amélioration globale de la performance des enveloppes en permettant d’assurer la continuité de plusieurs composantes différentes, de façon rapide et efficace.

La bonne membrane pour le bon solin

Il faut tout d’abord s’assurer que la ou les membranes qui seront utilisées au chantier sont adaptées pour l’usage prévu. Comme il y a maintenant une panoplie de membranes autocollantes disponibles sur le marché, il peut vite devenir difficile de s’y retrouver. Mentionnons que le fait qu’un produit soit vendu comme une membrane autocollante ne signifie pas qu’elle soit nécessairement conforme, compatible ou utilisable en toutes circonstances.

En effet, plusieurs membranes autocollantes sont destinées à servir de pare-air, de pare-vapeur ou encore de pare-intempéries. Ceci étant dit, à moins que la fiche technique d’une membrane ne le précise explicitement, on ne devrait pas en faire l’utilisation comme un solin. Rappelons également que le Code de construction du Québec ne désigne pas les membranes autocollantes comme étant des matériaux pouvant être utilisés à la confection des solins. Ne vous inquiétez pas, si une membrane est approuvée à titre de solin et que les évaluations du Centre canadien de matériaux de construction (CCMC) considèrent la performance de la membrane équivalente aux prescriptions du Code, le produit peut être utilisé sans problème.

Le solin a pour fonction primaire de rejeter ou d’éloigner l’eau de l’enveloppe du bâtiment. Plus particulièrement, lorsqu’il s’agit de solins intramuraux, la membrane de solin est appelée à traverser les différentes composantes d’un mur pour aboutir à l’extérieur.

Le Code classe les solins en deux grandes familles, soit les solins apparents et les solins dissimulés. Si vous êtes dans un contexte où le solin doit demeurer apparent et comporter un larmier par exemple, vous ne pourrez pas l’exécuter en entier au moyen de la membrane, il faudra envisager d’abouter les membranes sur des pièces métalliques qui complèteront le solin et qui seront destinées à demeurer apparentes.

En ce qui concerne plus particulièrement les solins intramuraux des parements de maçonnerie, le Code demeure toujours aussi discret quant à l’utilisation possible des membranes. Dans ce contexte, nous nous référons plutôt à la norme CSA-A371 (Maçonnerie des bâtiments), référée à la partie 5 du Code. Dans cette norme, on indique que l’utilisation de membranes à base de bitume modifié d’une épaisseur de 1,0 mm (40 mil) comprenant une doublure en polyéthylène est acceptable pour confectionner un solin dissimulé dans une paroi de maçonnerie.

Il est donc établi que certaines membranes pouvant faire office de solins intramuraux derrière des revêtements légers ne seraient toutefois pas suffisamment performantes pour être utilisées dans des parois de maçonnerie, par exemple. Encore une fois, il importe de bien connaître les produits qu’on installe.

Certaines membranes pouvant être utilisées avec des revêtements légers ne sont pas suffisamment performantes pour être utilisées avec de la maçonnerie.

Deux types de membranes qui se démarquent

La tendance actuelle sur les chantiers semble particulièrement favoriser l’application de deux types de membranes distinctes pour le solinage, soit les membranes avec adhésif à base acrylique et les membranes avec adhésif à base de bitume modifié. Lorsqu’utilisé dans des applications de solinage, le support de l’adhésif est généralement constitué d’une pellicule de polyéthylène. Dans certaines circonstances, il s’avèrera plus simple ou plus efficace d’opter pour un type de membrane en particulier.

– Membranes avec adhésif à base acrylique

Les membranes autocollantes avec adhésifs à base acrylique qui sont disponibles sur le marché ont habituellement des propriétés pare-air et pare-vapeur en plus d’être résistantes à l’eau, mais elles ne sont généralement pas autorisées à être utilisées comme solin intramural pour la maçonnerie. En fait, la section 9.20 du Code traitant de la maçonnerie indique qu’un solin peut être constitué de polyéthylène à condition d’avoir une épaisseur minimale de 0,5 mm (20 mil), ce qui n’est généralement pas le cas de ces membranes.

En revanche, l’adhésif acrylique offre une adhésion efficace sans nécessiter l’application d’apprêt, et peut également être installé à des températures largement sous 0 °C. L’adhésif acrylique performe également très bien sur la plupart des matériaux de construction, et est aussi compatible avec les isolants de mousse plastiques, polystyrènes, polyuréthanne, etc. Ce type de membrane est donc bien adapté pour maintenir l’étanchéité à l’eau et à l’air au niveau de plusieurs jonctions critiques de l’enveloppe.

– Membranes avec adhésif à base de bitume modifié

Pour les membranes de bitume modifié, il est préférable qu’elles soient utilisées en combinaison avec l’application d’un apprêt et l’utilisation d’un rouleau à maroufler. Bien qu’on désigne ces membranes par le terme « autocollant », leur adhésion sans apprêt peut ne pas être suffisante pour offrir une performance adéquate aux jonctions critiques, et ce, surtout lorsque les membranes sont appliquées par temps froid. Ces membranes ont aussi des propriétés pare-air et pare-vapeur et elles s’avèrent très performantes pour la réalisation de solins intramuraux dans des parois de maçonnerie ou pour assurer la continuité de l’enveloppe entre des matériaux de natures différentes. Attention toutefois, l’apprêt et le bitume sont incompatibles avec les polystyrènes. Il ne faut donc pas envisager l’application de ces membranes directement sur le polystyrène. Le polystyrène pourrait être appliqué contre la surface de la membrane en polyéthylène, et ce, sans aucun problème.

Dernier inconvénient, l’installation des membranes sur un apprêt nécessite l’évaporation des solvants avant de pouvoir procéder à l’application, qui devrait se faire seulement à la suite du séchage de l’apprêt. À cet effet, des apprêts pour températures plus froides sont disponibles et doivent être utilisés selon les spécifications des fabricants. Au final, la plage des températures d’installation des membranes de bitume modifié est généralement plus large que celle des membranes à base acrylique.

Installation de la membrane

Une fois la bonne membrane sélectionnée, il faut maintenant en faire l’installation. Ce n’est pas compliqué vous direz ? Pourtant, le bilan que nous dressons quant à l’installation de ces membranes montre plutôt qu’il est tout à fait pertinent d’en réitérer les bases.

  1. Tout d’abord, assurez-vous que la surface d’application est adéquate: elle doit être propre, sèche, exempte de débris, de glace, etc. Si un apprêt doit être utilisé, respectez les instructions des manufacturiers quant aux températures et au délai de séchage. La performance des assemblages en dépend.
  2. La membrane doit être supportée en continu et installée sans plissement : il est donc impossible de fermer un coin intérieur à l’aide d’une seule pièce de membrane continue. Pour un seuil de fenêtre par exemple : apposez votre première membrane sur le seuil en chevauchant le pare-intempéries, apposez des bandes de renfort ou des goussets aux coins intérieurs et chevauchez avec les membranes supérieures des goussets.
  3. Les membranes doivent être installées en fonction du sens de l’écoulement de l’eau : toujours installer les membranes en partant du bas vers le haut et chevaucher les sections entre elles selon les prescriptions des manufacturiers.

En conclusion, il faut porter une attention particulière à l’installation des membranes si on souhaite arriver à la performance souhaitée. Il ne faut surtout pas considérer la mousse de polyuréthanne comme pouvant maintenir l’étanchéité aux jonctions. La prise d’expansion de la mousse isolante au moment de son installation est en fait susceptible de contribuer à l’arrachement des membranes n’ayant pas pleinement adhéré.

Il peut s’avérer judicieux de consulter les manufacturiers ou un professionnel avant de commencer une installation impliquant l’exécution de détails complexes ou lorsqu’on prévoit l’utilisation de nouvelles membranes. Des produits très performants sont maintenant facilement disponibles pour améliorer l’enveloppe de vos bâtiments. À vous d’en faire bon usage!

Voici une séquence d’installation de solins dissimulés visant la protection d’un seuil de fenêtre


AVANT L’INSTALLATION

Étape 1 – Prévoir l’inclinaison du seuil vers l’extérieur (les montants sous le seuil peuvent être coupés en biseau à 4 degrés).

Étape 2 – Couper le pare-intempéries au centre de l’ouverture en suivant les pièces de bois horizontales de la baie de fenêtre. Conserver l’excédant du pare-intempéries et le rabattre temporairement sur le mur. Faire excéder la coupe du pare-intempéries de deux pouces aux coins inférieurs de l’ouverture.

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Pierre-Marc Larochelle

Pierre-Marc Larochelle

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