Rénovation Technique

Démystifier l’insonorisation en rénovation

Les travaux de rénovation majeurs et de transformation de bâtiments comprennent leur lot de défis. À bien des égards, ce type de travaux s’avère généralement plus complexe que de repartir à neuf.

Le fait de devoir composer avec des éléments existants dans un bâtiment est habituellement loin d’être avantageux lorsqu’on souhaite améliorer la performance en insonorisation entre des unités d’habitation.

Évaluation des besoins

Le premier élément à définir avec un client est la source de l’inconfort en matière d’insonorisation. La transmission des bruits dans les logements se distingue en deux classes distinctes, soit les bruits aériens et les bruits d’impact. Les bruits aériens sont des sons transmis directement (voix, télévision, etc.), tandis que les bruits d’impact sont transmis à travers les structures, les bruits de pas peuvent être très dérangeants et peuvent même se transmettre sur plusieurs étages dans certains cas. La transmission de ces deux types de bruits est souvent très grande dans les bâtiments multifamiliaux plus anciens (1980 et moins).

Plusieurs contraintes relatives au cadre existant peuvent réduire la performance des tentatives d’amélioration, surtout lorsque l’intervention n’est effectuée que d’un côté des logements, ce qui arrive fréquemment. Il faut bien faire comprendre que les résultats obtenus risquent d’être variables.

Voici 10 trucs de pros à retenir :

  1. Attendez avant de promettre des améliorations significatives à un client. Faites les vérifications nécessaires, procédez à des ouvertures exploratoires, saisissez bien la problématique avant d’intervenir. Proposez de vous adjoindre les services d’un expert en acoustique du bâtiment, au besoin.
  2. N’essayez pas de faire économiser des sous au client en composant avec des éléments à priori inadéquats, par exemple des portées de solives de planchers aux longueurs excessives. Les structures de planchers plus faibles (par exemple, les pièces de 2 x 8 aux 24 pouces) sont susceptibles de transférer plus de vibrations et donc transmettre plus de son. Renforcez les planchers au besoin pour réduire la vibration.
  3. Optez pour des revêtements souples ou des parquets à lames en pose flottante. Le fait de désolidariser la surface de plancher permettra une réduction de la transmission des bruits d’impacts. Installer un plancher de bois franc fixé mécaniquement ou conserver un plancher existant qui grince ne vous aidera pas.
  4. Économiser sur une membrane de sous-plancher est une très mauvaise idée. Installez plutôt une membrane de sous-plancher performante, ce qui pourrait contribuer à améliorer le confort des occupants. Les membranes minces de style « éthafoam » et les papiers de construction n’auront pas ou très peu d’incidences positives sur la transmission des bruits d’impacts. Des membranes de sous-plancher composées de caoutchouc assez épais permettront des gains importants à la réduction des bruits d’impacts, et même des bruits aériens.
  5. Il faut malheureusement enlever la finition existante si l’on souhaite ajouter une barre résiliente et un panneau de gypse supplémentaire. Profitez-en pour installer un matériau absorbant dans la cavité. L’ajout d’une barre résiliente et d’un panneau de gypse sur un mur ou un plafond fini est à proscrire en tout temps. Le vide entre les deux matériaux de finition risque en fait d’amplifier davantage le son qui aurait traversé les premières couches du mur.
  6. Évitez les cavités vides, et ajoutez toujours un matériau absorbant dans celles-ci. Les murs extérieurs des charpentes à madriers ne comportent généralement pas de matériaux isolants/absorbants, à moins d’avoir été préalablement rénovés. L’espace vide entre les fourrures verticales supportant le plâtre sur lattes est une voie de transmission du son non négligeable. Ainsi, l’intervention qui aurait pour but de réduire le passage des bruits aériens entre deux logements superposés (plancher/plafond) pourrait nécessiter une intervention au niveau des murs extérieurs. L’ajout d’une cloison devant la structure du mur extérieur peut s’avérer souhaitable si l’on entend rehausser considérablement le niveau d’insonorisation.
  7. Sachez que les isolants rigides et la mousse de polyuréthane ont de très faibles capacités à absorber le son. Bien que ces produits puissent être très intéressants en rénovation puisqu’ils permettent un gain considérable de la valeur isolante en prenant très peu d’espace, ils sont déconseillés là où l’insonorisation est un enjeu.
  8. Les rénovations précédentes et les agrandissements de bâtiments sont aussi susceptibles de constituer des sources de transmission insoupçonnées. Prenons par exemple un ancien mur extérieur, maintenant converti en divisions intérieures. Il est fréquent de voir qu’un revêtement de plâtre sur latte a été ajouté directement sur l’ancien revêtement extérieur. Il y aurait encore là une possibilité que de grandes cavités vides communiquent entre les logements.
  9. Utilisez du scellant! Tous les interstices susceptibles de laisser passer l’air sont aussi susceptibles de laisser passer le son. Les percements créés pour passer les fils et les conduits devraient être scellés. Il en va de même pour tout le périmètre des cloisons insonorisantes.
  10. Prévoyez suffisamment d’espace pour la plomberie et la ventilation dans les divisions. Idéalement, si de nouveaux éléments mécaniques sont intégrés au bâtiment, on positionnera les éléments susceptibles d’être bruyants dans les cloisons se retrouvant plus loin des espaces de vie. Les canalisations et les conduits susceptibles de générer du bruit ou des vibrations ne devraient jamais être en contact direct avec des éléments de structure. Élargissez les cloisons au besoin. Utilisez des supports flexibles et des matériaux absorbants entre les conduits et les supports. Finalement, ne remplacez pas vos vieux tuyaux de fonte par des tuyaux de plastique, ils sont beaucoup plus performants pour couper le son que ces derniers.

Pour conclure, il n’y a pas de solution miracle permettant des gains impressionnants. Il faut garder en tête que plusieurs éléments sont requis pour fournir une insonorisation de qualité, et qu’il sera possiblement difficile de les réunir de façon optimale en rénovation, à moins de procéder à d’importants travaux. Le souci du détail et le choix de matériaux adéquats vous aideront à vous rapprocher de la performance voulue. Pour plus d’information, communiquez avec le Service technique de l’APCHQ au 1 800 468-8160.

À propos de l'auteur

Pierre-Marc Larochelle

Pierre-Marc Larochelle

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