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Quand rétention rime avec construction

Pamela Morel
Écrit par Pamela Morel

La pénurie de main-d’œuvre n’est plus une légende urbaine dans l’industrie.

Selon une étude publiée par la Commission de la construction du Québec (CCQ) en 2020, 71 % des employeurs n’ont pas réussi à pourvoir un poste d’apprenti, et ce taux s’élève à 76 % lorsqu’il s’agit de compagnons. [1]

Quelles sont les méthodes qui peuvent être utilisées pour continuer à opérer malgré cette rareté de personnel disponible? Une des pistes de solution à privilégier est sans aucun doute de s’assurer de retenir les employés compétents au sein de votre organisation. Les résultats de l’étude ont fait état d’un taux de 15 % d’abandon après un an et de 35 % après cinq années, et d’un taux plus élevé d’abandon chez les femmes. Les principales raisons évoquées sont les suivantes : les fermetures d’entreprise, le manque de travail, le climat de travail, l’intégration difficile, l’instabilité trop grande, la rigidité de l’obligation de formation, l’intimidation, la discrimination et le harcèlement.

Dans une volonté d’efficacité et d’efficience, le but est de trouver des solutions aux problèmes qui peuvent être réglés et aux situations qui peuvent être améliorées. Il va de soi qu’on ne peut empêcher les gens de prendre des congés parentaux, de partir à la retraite, de déménager hors Québec, etc. Il faut donc intervenir sur ce qui est maniable.

D’abord, en ce qui concerne le manque de travail, la situation devrait aller en s’améliorant. Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, on peut s’attendre à ce que les gens travaillent de plus en plus. D’ailleurs, en analysant le nombre d’heures et de travailleurs selon les chiffres mentionnés dans les rapports de gestion annuels de la CCQ, on constate une hausse du nombre d’heures travaillées par salarié d’année en année depuis 2015. Bien entendu, ces chiffres ne tiennent pas compte des heures travaillées hors CCQ.

Concernant l’intégration difficile, les employeurs pourraient améliorer le processus avec leurs nouveaux salariés en les jumelant dès leur arrivée à des compagnons inspirants de leur entreprise qui agiraient à titre de mentors. Ces personnes d’expérience connaissent les difficultés qui peuvent survenir dans les premiers mois sur les chantiers et pourraient avoir une influence positive et la motivation nécessaire pour participer à la formation de nouveaux salariés. La démographie du Québec fait en sorte que la population est vieillissante, de nombreux départs à la retraite sont imminents et à prévoir. Il est donc primordial que les entrepreneurs prévoient un transfert de connaissances des employés expérimentés vers la relève. Les entreprises qui planifient la relève seront nettement avantagées dans les années à venir.

Pour ce qui est du climat de travail, les employeurs doivent s’outiller pour s’assurer de maintenir un climat de travail sain et exempt d’harcèlement. Il est d’ailleurs obligatoire de mettre en place une politique à cet effet, mais il ne faut pas que cette feuille amasse la poussière dans vos cartables d’entreprise. Il faut prendre la situation en main dès que des commentaires vous sont rapportés. Cela doit devenir une tolérance zéro. Une gestion disciplinaire optimale est nécessaire, car tolérer des comportements néfastes peut amener de bons travailleurs à quitter un milieu de travail rempli de négativisme et de laxisme. Il est plus facile que jamais de trouver des outils gratuits pour aider les entreprises à mettre en place des politiques sur le harcèlement psychologique et à se procurer différents documents ou affiches promotionnelles en allant simplement consulter la Politique contre le harcèlement de l’APCHQ.

L’équipe des conseillers en relations du travail de l’APCHQ est aussi disponible pour faire des présentations en entreprise afin d’informer les employés sur ce qu’ils doivent savoir pour prévenir les situations de harcèlement.

En ce qui a trait à l’obligation de formation, plusieurs nouveaux employés perdent leurs certificats de compétence par méconnaissance de la réglementation. Il est possible, pour l’employeur, de guider le travailleur avec le processus d’inscription au cours, faire le suivi pour savoir si le travailleur s’est bien inscrit ou encore, inciter le travailleur à aller suivre ses cours lors d’une baisse de travail saisonnière. Il faut garder en tête que la formation est un avantage autant pour les salariés que les entreprises. Avoir des gens formés est habituellement un gage d’une meilleure qualité des travaux.

Pour terminer sur une note positive, selon la publication de la CCQ, 60 % des employés qui ont quitté l’industrie se disent prêts à y revenir. Cela signifie qu’il existe un bassin potentiel de travailleurs à séduire à nouveau pour pourvoir les postes vacants.


[1] https://www.ccq.org/-/media/Project/Ccq/Ccq-Website/PDF/Qualification/sondages/SondageCovid_Rapport_vpublic_juin2020.pdf

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