Gestion du personnel Lois et règlements

Pénurie et pandémie : chronique de fermetures annoncées

La pandémie qui sévit actuellement à l’échelle mondiale affecte les entrepreneurs de plusieurs manières, et aura eu comme impact premier de fragiliser l’économie de la province.

Dans le secteur résidentiel, malgré la forte reprise des mises en chantier au cours de l’été, les entrepreneurs continuent de voir leur progression limitée en raison d’un important déficit de main-d’œuvre qualifiée.

Manque de main-d’œuvre

Niché dans la région de Lanaudière, un entrepreneur spécialisé en conception et fabrication de patios et de terrasses sur mesure est à même de témoigner de la détresse engendrée par le manque de ressources humaines sur les chantiers. Fort d’une clientèle majoritairement composée de personnes âgées et de jeunes couples ayant choisi d’investir dans la mise à niveau de leurs aménagements extérieurs en cette période de pandémie, l’employeur n’a pu profiter de l’occasion qui s’offrait à lui au cours de l’été. Pourtant, toutes les pièces de l’échiquier étaient en place : la poussée des mises en chantier, le transfert des dépenses des particuliers vers les améliorations domiciliaires 1, les faibles taux applicables aux marges hypothécaires 2 , etc.

Seule ombre au tableau, l’incapacité de l’entreprise de mettre la main sur des travailleurs dévoués en nombre suffisant. Et lorsqu’il est question de projets qui sont soumis aux règles prévues dans les lois et règlements de l’industrie, le recrutement prend la forme d’un long pèlerinage sans fin.

Peu de relève

Dans le cas ici présenté, aucune démarche n’a été exemptée. Tentatives d’embauche de jeunes diplômés ayant en main un diplôme d’études professionnelles (DEP) en charpenterie menuiserie, consultations pour recruter de la main-d’œuvre non traditionnelle (femmes, autochtones et travailleurs étrangers), annonces dans les médias et offres incitatives à l’embauche. La pénurie, combinée à la crise sanitaire, aura finalement engendré l’inévitable fermeture de l’entreprise, pourtant établie depuis longtemps dans son milieu. À l’aube de la retraite, un propriétaire voit ainsi disparaître en fumée son rêve de transférer les rennes de l’entreprise qu’il a bâtie à une relève qui brille par son absence.

En attente de solutions

La pénurie de main-d’œuvre qui afflige le secteur de la construction résidentielle n’est donc pas qu’un mirage. Depuis longtemps, l’APCHQ se bat pour que la réglementation de l’industrie soit adaptée au contexte actuel dans lequel les travailleurs en place ne suffisent pas à la demande. Des représentations ont été faites, des rapports ont été écrits. Le gouvernement provincial a répondu à l’appel et des solutions semblent sur le point d’émerger. Dans l’attente, les employeurs retiennent leur souffle. Faute d’une refonte des règles en place, la pénurie de main-d’œuvre rapproche peu à peu des centaines d’entreprises d’un gouffre sans fond.

1. PILOTE, Éliane, « Un boom des rénovations pendant la pandémie », Le Journal de Montréal, édition Web du 14 juillet 2020, https://www.journaldemontreal.com/2020/07/14/un-boom-des-renovations-pendant-la-pandemie.

2. GERMAIN, Daniel, « La baisse des taux, qu’est-ce que ça veut dire pour vous? », Le Journal de Montréal, édition Web du 6 mars 2020, https://www.journaldemontreal.com/2020/03/06/la-baisse-des-taux-quest-ce-que-ca-veut-dire-pour-vous.

À propos de l'auteur

Francis Montmigny et Paméla Morel

Francis Montmigny et Paméla Morel

Laissez un commentaire

Restez informé!

Recevez chaque mois, par courriel, les nouveautés du blogue et les dernières actualités de l’industrie.