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Le télétravail est là pour rester

Écrit par Olivier Roy

Près de 40 % des emplois sont viables en télétravail. C’est le constat d’un rapport de Statistique Canada publié le 27 octobre dernier, et cela semble annoncer des changements dans le domaine du logement. 

Le rapport nous informe que 39 % des emplois que compte le Canada peuvent se faire à distance. L’essentiel de ceux-ci (environ 60 %) nécessite des études universitaires. Les emplois en télétravail semblent aussi très bien payés, puisque 54 % d’entre eux sont occupés par le 10 % des couples salariés à deux revenus les plus riches. Plusieurs professions du secteur tertiaire, comme la finance, les assurances ou les services scientifiques, sont idéales pour le télétravail. Étant donné que ces emplois sont généralement concentrés dans des centres urbains, les grandes villes seront les plus touchées par les changements qu’apporte le télétravail.

Enfin, tant les employés que les employeurs accordent leur préférence au travail à domicile, même si les premiers lui en accordent une plus grande. En effet, une enquête de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) conclut que 90 % des travailleuses et travailleurs préfèrent le travail à distance, et 60 % des gestionnaires s’attendent à ce qu’ils travaillent la plupart du temps chez eux. Aussi, à la fin de la pandémie, Mehdi et Morissette estiment que 24 %1 des heures travaillées se feront en télétravail si les employeurs accèdent à toutes les exigences du personnel, ce qui est cinq fois plus qu’en 2016 ou en 2018. Le travail à domicile semble donc là pour rester, mais dans des proportions qui restent encore à déterminer. 

Et le logement dans tout ça?

Nous pourrions conjecturer sur la base de ce rapport de ce que sera l’industrie du logement à la fin de la pandémie. Cette habitude dorénavant bien ancrée pourrait ainsi changer quelque peu les exigences des propriétaires et des locataires. Le besoin d’une pièce supplémentaire isolée des autres, pour en faire un bureau, deviendrait plus répandu, ce qui aurait pour conséquence d’augmenter davantage la demande de logements spacieux. Comme les personnes qui occupent la majorité des emplois en télétravail sont généralement plus fortunées, elles peuvent davantage encaisser une hausse des prix pour ces propriétés plus vastes. Si beaucoup d’entre elles veulent emménager dans de grands domiciles, il est fort probable que les prix pour ce type de logement subiront des pressions à la hausse. 

Intérêt pour les régions et la banlieue

Par ailleurs, le télétravail joignant sous un même toit lieux de résidence et de travail, et une bonne partie de ces emplois étant concentrée dans les centres urbains, il serait envisageable que certains ménages citadins s’installent en région. Il faudra alors prévoir un accroissement de la construction résidentielle en région afin de loger les nouveaux habitants. Néanmoins, il serait plus probable qu’il y ait une alternance entre travail à domicile et travail au bureau, ce qui signifie que les personnes en télétravail en quête d’un logement plus adapté à leurs besoins opteraient plutôt pour la banlieue, ce qui en retour pourrait favoriser la maison unifamiliale. Ceci ouvre aussi la porte à une possible accélération de l’étalement urbain.

Il ne serait pas exclu que les résidences secondaires connaissent aussi un regain d’intérêt. Nous pouvons imager que quelques ménages vivent dans un appartement en ville seulement durant les jours de travail en présentiel, et passent le reste du temps dans une résidence champêtre plutôt éloignée du lieu de travail. 

En somme, le télétravail risque définitivement d’avoir un impact sur l’industrie de la construction et de la rénovation résidentielles. Reste à savoir quelle place il occupera après la pandémie. 

Lien vers le rapport de Statistique Canada : Le travail à domicile au Canada : qu’avons-nous appris jusqu’à présent? (statcan.gc.ca) 

[1] Mehdi, T., et R. Morissette. 2021. « Le travail à domicile après la pandémie de COVID-19 : une estimation des préférences des travailleurs ». Rapports économiques et sociaux 1 (5). Produit no 36-28-0001 au catalogue de Statistique Canada.

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Olivier Roy

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