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Infrastructures en eau: Le Québec à sec

Écrit par Maxime Rodrigue

La vétusté des infrastructures en eau constitue l’angle mort de la crise de l’habitation. Alors qu’il faut accélérer les mises en chantier, un nombre croissant de projets résidentiels sont bloqués faute de capacité des réseaux. Plus que jamais, il est urgent de réinvestir dans ces infrastructures pour assurer l’accès au logement et à l’eau potable dans nos municipalités, et ce, pour l’ensemble des citoyens et citoyennes.

Face à une crise de l’habitation grandissante, de nombreuses municipalités se retrouvent dans l’incapacité de se développer davantage, puisque leurs infrastructures en eau sont dans un tel état de désuétude qu’elles ne peuvent servir davantage de citoyens ni faire face aux conséquences des changements climatiques.

Alors que la crise impose la densification de nos milieux de vie, les gouvernements provincial et fédéral manquent à leurs responsabilités en matière de financement des infrastructures, rendant leur entretien presque impossible dans plusieurs régions. Après avoir freiné ses investissements en la matière depuis le début des années 2000, le Québec fait face à un déficit en ce qui concerne le maintien des actifs.

Le Centre d’expertise et de recherche en infrastructures urbaines (CERIU) estime à plus de 49 milliards de dollars le coût de remplacement des infrastructures en eau à risque élevé ou très élevé de défaillance au Québec (incluant les coûts pour la chaussée).

Devant composer avec un cadre fiscal désuet, les municipalités sont prisonnières d’un système de gestion des infrastructures qui les amène à gérer à la pièce une problématique structurelle, en traitant de manière palliative les portions les plus abîmées de leur réseau. Les infrastructures demeurent ainsi de manière générale en mauvais état et sont inaptes à relever de nouveaux défis.

Que ce soit pour loger la population ou pour adapter les milieux de vie aux changements climatiques (comme les inondations et les sécheresses en saison estivale), la capacité des infrastructures en eau est dans un état critique. Le Québec fait ainsi face à un point de rupture où la crise des infrastructures porte atteinte à certains droits fondamentaux, comme le logement et l’accès à l’eau potable, et la capacité d’offrir des services de proximité nécessaires pour nos communautés.

Une priorité pour la prochaine décennie

Devant ces constats inquiétants, les membres du Groupe tactique sur les infrastructures en eau liées au logement insistent sur l’importance de prendre soin de ce patrimoine public d’une valeur de 190 milliards de dollars que représentent nos réseaux d’eau. Pour le regroupement, le financement de ces services doit devenir une priorité des gouvernements pour la prochaine décennie, à travers une vision englobante tenant compte de tous les aspects de la crise du logement, mais également de l’eau.

Nous invitons les gouvernements du Québec et du Canada à faire preuve de vision et à adopter une stratégie capable de répondre aux impératifs de la situation. Cela implique d’une part le financement du déficit d’actifs et des coûts de mise aux normes et, d’autre part, le déploiement d’un cadre réglementaire et fiscal adéquat pour assurer l’autofinancement des infrastructures à long terme.

En concertation avec le milieu municipal, les deux ordres de gouvernement doivent réaliser ces mesures sur un horizon de 10 ans pour éviter une aggravation de la situation. À cet effet, les membres du Groupe tactique offrent leur entière collaboration pour participer aux discussions.

Cette opération majeure de financement doit être structurée en fonction des priorités vécues sur le terrain et respecter les principes d’équité intergénérationnelle au cœur d’une gestion durable des enjeux de société. Les régions vivant des enjeux de capacité doivent être priorisées et les usages doivent être encadrés en fonction de leur importance.

Ainsi, en cette période de rentrée parlementaire, nous tenons à rappeler aux gouvernements du Québec et du Canada que l’accès à l’eau potable et au logement est une nécessité pour l’ensemble des citoyens et citoyennes. Sans la volonté politique de réinvestir dans nos infrastructures en eau et de remettre sur pied un système qui se noie, c’est ce droit fondamental qui s’en trouve aliéné, et ce, dans toutes nos régions.

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Maxime Rodrigue

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