Dans un contexte où l’industrie de la construction doit relever des défis importants en matière de productivité et de compétences, le programme Fiers et compétents s’impose comme un outil indispensable pour bâtir l’avenir du secteur. Québec Habitation s’est entretenu à ce sujet avec Audrey Murray, présidente-directrice générale de la Commission de la construction du Québec (CCQ).
Un contexte qui appelle à l’action
Les chiffres sont éloquents : selon un sondage de la CCQ de mai 2025, la compétence et la qualité de la main-d’œuvre figurent parmi les principaux obstacles auxquels les employeurs doivent faire face, devançant même les difficultés d’embauche et l’augmentation des coûts de construction. Plus préoccupant encore, la productivité dans l’industrie a augmenté lentement au Québec (de 3 % entre 1997 et 2023, selon une récente étude de l’Institut du Québec).
« On est dans un moment où on a une chance inouïe de pouvoir travailler sur la question de la formation et de la compétence de la main-d’œuvre », affirme Audrey Murray. Avec un carnet de commandes historique et des besoins criants en logement, l’industrie se trouve à un carrefour stratégique.
Le défi de la rétention et de la formation
Au cours des cinq dernières années, l’industrie a accueilli près de 50 000 travailleur·euse·s non diplômé·e·s. Toutefois, ces nouveaux et nouvelles venu·e·s quittent massivement le secteur dans les cinq premières années, principalement dès la première année. « Les gens qui choisissent de venir bâtir le Québec sans diplôme, on a plus de difficultés à les retenir », explique Audrey Murray.
Le constat est clair : ceux et celles qui développent leurs compétences restent plus longtemps dans l’industrie et éprouvent un plus grand sentiment de réalisation de soi. Pourtant, seulement 9 % de la main-d’œuvre se prévaut de formation de perfectionnement, et ce pourcentage descend à 4 % chez les compagnon·onne·s.
Fiers et compétents : un programme unique
Depuis 2013, le programme Fiers et compétents s’appuie sur un levier exceptionnel : le Fonds de formation des salariés de l’industrie de la construction (FFSIC). Celui-ci est financé par les employeurs de l’industrie à partir d’une cotisation de 0,20 $ pour chaque heure travaillée par les salarié·e·s, négociée entre les associations patronales et syndicales. Cette mutualisation des ressources permet de développer une offre de formation adaptée aux besoins spécifiques de l’industrie de la construction.
L’année dernière, le programme a permis de former 23 000 personnes, avec un taux de satisfaction de 94 %. « C’est un levier indispensable. Comme industrie, on est très chanceux de compter sur un outil semblable », souligne la PDG de la CCQ.
Les bénéfices pour les entreprises
Pour les entrepreneur·e·s, investir dans la formation de leurs équipes représente bien plus qu’une dépense : c’est un investissement stratégique. Les études sur la productivité démontrent que le développement des compétences des gestionnaires, professionnel·le·s, travailleur·euse·s constitue l’un des principaux leviers d’amélioration de la performance.
Au-delà de la productivité, la formation favorise la rétention du personnel et permet d’offrir un réel parcours d’employabilité aux travailleur·euse·s. « L’intérêt numéro un pour une entreprise, c’est de s’assurer que sa main-d’œuvre a tous les outils pour bien livrer le carnet de commandes », explique Audrey Murray.
Une vision ambitieuse pour l’avenir
Dans un contexte de grandes transformations (construction durable, nouvelles technologies et innovation organisationnelle), l’industrie doit adapter son approche. « On doit faire des diagnostics plus prospectifs pour anticiper ce qui s’en vient », affirme la PDG.
Parmi les pistes d’amélioration envisagées : développer la formation à distance pour certains types de compétences, élargir l’offre aux savoir-être (communication, adaptation, résolution de problèmes), et possiblement instaurer des obligations de mise à niveau pour les compagnon·onne·s sur des compétences ciblées.
Le rôle des associations patronales comme l’APCHQ s’avère crucial dans ce processus. Elles contribuent à déterminer les besoins de formation en amont, à promouvoir l’offre auprès des membres et à faire évoluer les règles du Fonds pour qu’elles demeurent adaptées à la réalité du terrain.
Un cercle vertueux à créer
La vision d’Audrey Murray est claire et ambitieuse : « On mérite d’avoir la main-d’œuvre la plus compétente en Amérique du Nord. »
Pour y parvenir, il faut créer un cercle vertueux où l’offre de formation répondra aux véritables besoins, où les campagnes de promotion seront efficaces et où les employeurs comprendront l’importance de libérer leurs travailleur·euse·s pour leur permettre de se former. C’est en travaillant ensemble – CCQ, associations patronales et syndicales, entreprises, travailleur·euse·s – que l’industrie pourra relever ses défis de productivité et de compétitivité.
Dans un contexte où le Québec doit bâtir son avenir, investir dans les compétences de la main-d’œuvre n’est pas une option, c’est une nécessité.
Pour en savoir plus sur le programme Fiers et compétents et son offre de formation, visitez fiersetcompetents.com.
